Le Cirque Russe de Lacretelle de Jasna Samic a éveillé en moi un désir profond : dès que j’ai lu le roman, j’ai ressenti l’envie de me promener dans le XVe arrondissement, de chercher la rue Lacretelle, de découvrir cet immeuble en forme de U – où vivaient autrefois, dans 90 appartements, des Russes blancs – et d’invoquer les fantômes des personnages de ce roman qui m’a tant captivée.
Il y a longtemps, j’ai lu Les Nuits des princes de Joseph Kessel, publié en 1927, qui décrivait l’arrivée des Russes blancs en France. Je me souviens que l’histoire se situait à Passy, un quartier chic du XVIe arrondissement de Paris et que les plus aisés se retrouvaient à Pigalle, dans des restaurants russes où résonnaient musique tsigane et danses cosaques – le kazatchok – recréant l’atmosphère de leurs soirées moscovites et pétersbourgeoises. Nombre de Parisiens et d’étrangers curieux fréquentaient ces lieux, attirés par l’élite russe déchue.
Cette fois-ci, je redécouvre les Russes blancs dans Le Cirque Russe de Lacretelle, où Jasna Samic nous livre une magnifique fresque romanesque sur ces Russes blancs, empreinte de mélancolie et d’un réalisme saisissant. En le lisant, j’avais l’impression de tenir entre mes mains un roman d’une autre époque, captivant et impossible à lâcher. Cela faisait d’ailleurs longtemps que je n’avais pas lu un livre aussi beau.
Ces dernières années, je me surprends souvent à dire cela pour chaque nouvelle œuvre de Jasna Samic, mais Le Cirque Russe de Lacretelle se distingue par son ambition et son style. L’intrigue est habilement construite et le dénouement envoutant. Avec une richesse narrative rare, ce roman pousse le lecteur à réfléchir à chaque page.
Si vous êtes romantique, nostalgique, si vous aimez l’art, l’histoire et l’humour, alors ce livre est fait pour vous.
D’un bout à l’autre, Le Cirque Russe de Lacretelle tient le lecteur en haleine. L’histoire personnelle d’une famille au passé complexe illumine le récit, comme le dit l’auteure en citant Philip Roth : « L’histoire personnelle éclaire mieux le passé. Les malheurs collectifs engendrent le communisme, tandis que les malheurs individuels engendrent la littérature. »
Jasna Samic tisse une intrigue qui envoûte le lecteur, le faisant voyager de Moscou à Paris, de Samarcande à Istanbul, à travers les destins de personnages inoubliables. Cette saga, à la fois intime et universelle, est un chef-d’œuvre littéraire.
À lire absolument.
